Perles de Saisons

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Convoitise 

Si tu vas sur la terre où rien n'est dépoli 
Le sucre de tes lèvres sur les pierres solaires 
Les tiges dégarnies des pensées millénaires 
Et le cour agrandi 

Au premier tournant du paysage sous le ciel 
Le ciel vert 
Le ciel dur 
Le ciel qui pèse ou qui fuit 

Mais ce matin je me jette sur l'horizon qui tourne 
Sur les trous de clarté de la terre qui roule 
Et sur les pas pressés de cette mer qui coule 
Avec toute ma vie cruelle et oppressée 

Ce matin tout est lavé par les éponges de la nuit 
Les yeux neufs regardent les meubles de la terre 
Les arbres bien taillés dans leurs socles de pierres 
Et les nuages blancs dans leur cage de verre 

Ma douleur enfouie 
Car les sentiments sont trop grands pour ce corps trop 
Étroit 
La chair est étirée par l'esprit qui s'évade 
Et les cris étouffés dans la rumeur des caves 
Où ma lumière arrive à peine et meurt de froid 

Il suffit d'un mouvement imperceptible de tes lèvres 
D'un changement dans la clarté de ton regard 
D'un muscle sous la peau qui danse 
Ou encore d'un geste de tendresse qui arrive en retard 
Tout est changé 
Les règles de la vie deviennent noires 
Le jeu à mal tourné 
Et je travail dans l'espoir 
Qu'aucune récompense ne me sera donnée 


Reverdy Pierre 

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