Perles de Saisons

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Les souvenirs


C'est alors que quelques accord
Délicieusement désaccordés
Singulièrement étranglés
Sont revenus des morts

Ils ont résonné à travers mon esprit
M'ont rapidement fait trembler
Sous le poids d'un trop lourd passé
Doucement répercuté dans la nuit.

Et les souvenirs m'ont alors assaillie
Je les ignore tout en les effleurant
Les souvenirs, immatériels amants
S'accrochant à la tendre mélancolie.

Ils reviennent, étrangement discordants
Dans mon spleen dérisoire
S'embourber dans mes déboires
Langoureusement insistants.

Ce sont les souvenirs, ceux s'accrochant
Éperdus, joie illusoire
En cette nuit où quelques insectes noirs
Viennent se suicider contre l'écran.

En quelques accords d'andante
Alternant guitare et piano
Ils se mêlent aux mots
Les souvenirs me hantent.

C'est alors que quelques accord
Délicieusement désaccordés
Singulièrement étranglés
Sont revenus des morts

Ce sont les spectres rieurs d'une autre vie
Que j'entraperçois derrière un brouillard
Sachant qu'à présent il est trop tard
Pour tromper le faux-ami.

Je me retourne et derrière mes maux
Survivent ces fantômes dépravés
Ne demandant qu'à vivre à mes côtés
Tout le monde sait que le présent a bon dos.

Un chaviré dans le passé
Et les souvenirs me prennent les mains
Ils m'emmènent, joyeux gamins
Mais j'ai si peur d'y demeurer

Dans leur jolie cage dorée
Qui m'empêcherait de voir le monde
Plongée dans la pénombre profonde
Je ne le verrais pas évoluer.

Et moi qui croyais les avoir enterrés
Les avoir traînés dans la tombe, réservoir
De toutes mes peurs dérisoires
Je croyais avoir tout oublié.

Mais c'est alors que quelques accord
Délicieusement désaccordés
Singulièrement étranglés
Sont revenus des morts

Ce dont je ne me souvenais pas en réalité
C'est que malgré mon ressentiment
Toujours ils seront omniprésents
C'est que les souvenirs sont doués d'ubiquité.

Et la douceur se fait violente
L'électricité gagne la guitare soudainement
Répercutant leur éternel emportement
Ma mémoire se fait virulente.

Et moi je suis malade,
Malade de vivre à travers les yeux
De tant de gens trop sûrs d'eux
Exhibant leur vie, ridicule parade.

Devant ceux qui se croient si parfaits
Pour avoir fait abstraction aux souvenirs
Dans un coin les laisser pourrir
Pour continuer dans leur espoir surfait.

Mais bientôt, ne vous faites pas d'illusions
Ils entendront une petite musique rieuse dans leur tête
Les larmes et les rires feront fête
En un curieux bruit de fond.

Et c'est alors que quelques accord
Délicieusement désaccordés
Singulièrement étranglés
Reviendront des morts

Alors que moi je danse
Je tourne, enlacée par tant de visions
Je tourne mon passé en dérision
M'amusant et pleurant de cette délivrance.

Je les laisse aller, ces machineries
Je les vois ces singuliers rouages
Ne sont-ils pas mon apanage ?
Ne sont-ils pas un fragment d'infini ?

Je sais, il paraît que nous sommes tous en sursit
Dans cet univers où personne ne change
Où plus rien n'est étrange
Mais je veux faire ma vie

Je veux pouvoir continuer à rêver
Même si le réveil est de plus en plus douloureux
Même si les souvenirs sont des contentieux
Je veux pouvoir m'élever.

Tout en écoutant leur musique, présence,
Je veux composer un futur
Le voulant dissemblable dans sa nature
Il aurait fallu une Muse de la différence.

Et c'est alors que quelques accord
Délicieusement désaccordés
Singulièrement étranglés
Sont revenus des morts ... 

DURAND Guillaume

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